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Histoire

Deux méandres pour deux villages face à face. Voilà l'étrange situation de Plaisance et Curvalle, séparés par la rivière en deux communes, l'une de l'Aveyron, l'autre du Tarn. 2 en 1 car aujourd'hui les deux vivent ensemble reliées par le pont. Mais la situation n'a pas toujours été aussi simple !

Il est donc impossible d'évoquer le passé de Plaisance sans celui de Curvalle.

Sur l'éperon rocheux s'élevait le château « royal » de Curvalle, mentionné dès le XI° siècle. A l'époque de la guerre de Cent ans, il fut occupé par des « routiers » (bandes de mercenaires) partisans des anglais, pris et repris suivant un récit du Froissard. Au XV° siècle et durant 13 ans, il fut le lieu d'emprisonnement de Marie de Bourbon, soeur du Comte de Castres. Au pied du château, le bourg était constitué de deux rangées de maisons bâties contre le rocher. Ne subsistent aujourd'hui que quelques demeures et surtout deux belles tours probablement du XVI° siècle.

Un pont en pierre reliait Curvalle et Plaisance et constituait une voie de passage importante entre l'Albigeois et le Rouergue. Il fut détruit par la grande inondation de 1875 et remplacé par le pont actuel, construit plus en amont. En 1875, on y recensait encore 31 maisons et 114 habitants.

Le nom de Plaisance apparut pour la première fois en 1298 dans une charte octroyée par le roi Philippe IV le Bel ; elle accordait des privilèges, avantages fiscaux et franchises à tous ceux qui consentiraient à venir habiter la nouvelle bastide. La partie basse du village est caractéristique des bastides par ses rues qui se coupent à angle droit et débouchent sur la Place St-Blaise, en bordure de la rivière et sur le pont qui donnait l'accès à l'autre rive.

Dans le haut du village, le vieux bourg, aux dimensions modestes, faisait probablement parti de Curvalle (avant la création de la bastide de Plaisance) ; constitué de rues concentriques, il était entouré de remparts. Aujourd'hui, il nous reste les deux portes d'accès et le « balat » fossé qui bordait le rempart. Près de la deuxième porte se dresse la croix St-Eutrope, probablement du XVI° siècle. En forme de raquette, elle présente sur la face antérieure un christ en croix, sculpté en relief ; sur la face postérieure une niche contenait probablement une statue de la Vierge. Le culte marial était alors très développé en sud Rouergue.

L'église Saint-Martin construite sur un rocher dans un méandre du Rance, et face à Curvalle, attire le regard avec son clocher octogonal et son chevet roman. Construction du XII° siècle, elle est bâtie selon un plan bénédictin : la partie romane, la plus remarquable, est composée du chœur, de deux absidioles et du transept ; la nef et ses quatre chapelles latérales datent des XV° et XVI° siècles. Cet édifice est classé Monument Historique depuis 1929.

Revenons au passé tumultueux de Plaisance et Curvalle, plus précisément au XVII° siècle. Le baron Durand de Sénégas épouse l'héritière du château de Curvalle et en devient ainsi le seigneur ; puis en 1608, il achète la ville et le château de Plaisance au seigneur de Panat, protestant comme lui. Mais il a des prétentions et demande des droits seigneuriaux aux habitants, lesquels en avaient été affranchis. Ceux-ci refusent de payer, soutenus par le seigneur François de Nogaret (catholique ), du château voisin de La Bastide Teulat. Ils sont soumis alors à de nombreuses exactions, meurtres et pillages. L'affaire est portée devant le tribunal des Grands Jours. En 1665 le seigneur Durand de Sénégas est condamné : il doit payer une lourde somme d'argent, ses biens seront rasés et il sera décapité sur la place St- Blaise( sans que nous sachions si cette exécution a vraiment eu lieu). C'est ainsi que la tour de Curvalle et le château de Plaisance furent détruits en ces années 1665-1666.

Désormais les consuls dirigeront le bourg… jusqu'en 1790 !

 

Voici un panorama des villages de Plaisance et Curvalle au début du 20° siècle par l'intermédiaire de ces cartes postales.